Pendant longtemps la puissance a été déterminée par la population. Avec désormais le PIB par habitant, elle reste un déterminant majeur.
Mais la géopolitique reflète des dynamiques : plus que les chiffres absolus, ce sont les tendances qu’il faut observer.
En outre les logiques de puissance sont désormais « intensives en capital » et en technologie, plus qu’en travail. La capacité d’innovation peut l’emporter sur le facteur démographique.
Le thème des « migrants climatiques » reprend celui de la « bombe démographique » des années 1960. Mais jusqu’à présent, les perturbations sont locales et non géopolitiques.
En revanche « l’arsenalisation » des mouvements migratoires doit être considérée avec attention car elle renouvelle le répertoire des conflits hybrides.
conseiller principal au National Bureau of Asian Research (NBR)
En bref
La population reste une base de la puissance, mais, au-delà du nombre d'habitants, le facteur-clé est le capital humain.
À court terme, le déclin démographique ou la faiblesse du capital humain n'affectent pas la volonté des régimes autoritaires de montrer leurs muscles sur la scène internationale, mais à long terme ils sont condamnés.
L'ascension spectaculaire de la Chine au rang de superpuissance s’explique en partie par des facteurs démographiques, qui sont devenus négatifs.
Grâce à leur profil démographique (accroissement naturel, niveau d'éducation, immigration qualifiée), les États-Unis disposent encore d'un avantage comparatif. Mais des signes de faiblesse apparaissent.
directeur d'études en démographie à l'EHESS et directeur de recherche émérite à l'Ined
En bref
L’impact géopolitique des migrations reste faible si l’on considère les rapports entre grandes puissances, mais il est plus marqué à l’échelle régionale.
Une partie des tensions au sein de l’Union européenne se jouent sur la question des migrations.
L'utilisation de la migration comme instrument de pression par certains pays voisins de l’UE est une nouveauté.
En dehors de l'Europe, les migrations « climatiques » ont lieu aujourd’hui sur de très courtes distances.
Le phénomène des réfugiés, tant en Afrique qu’en Europe, peut affecter la stabilité des États et les relations qu’ils entretiennent.
Auteurs
Richard Robert
journaliste et auteur
Richard Robert est directeur de la rédaction de Telos et mène des travaux de prospective dans le cadre de l’Observatoire du long terme et de l’Institut de prospective CentraleSupélec Alumni. Il a dirigé de 2012 à 2018 la Paris Innovation Review. Derniers livres parus : Le Social et le Politique, avec Guy Groux et Martial Foucault, CNRS Éditions, 2020 ; La Valse européenne, avec Elie Cohen, Fayard, 2021 ; Une brève histoire du droit d’auteur, avec Jean-Baptiste Rendu, Flammarion, 2024 ; Les Nouvelles Dimensions du partage de la valeur, avec Erell Thevenon-Poullennec, PUF, 2024, Les Imaginaires sociaux des smart cities, Presses des Mines, 2025. À paraître : Sauver la démocratie sociale, avec Gilbert Cette et Guy Groux, Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l’esprit », 2026.