Vignes & Climat
Accueil / Dossiers / Planète / Vin : qu’importe le climat, pourvu qu’on ait l’ivresse ?
π Planète

Vin : qu’importe le climat, pourvu qu’on ait l’ivresse ?

6 épisodes
  • 1
    Comment adapter le vignoble au changement climatique
  • 2
    Géographie du vin : « L'Angleterre devient un pays viticole mature »
  • 3
    Les consommateurs se détournent des « vins du réchauffement climatique »
  • 4
    Vins du réchauffement climatique : des fruits frais aux fruits cuits
  • 5
    Faire évoluer la viticulture pour conserver la qualité de nos champagnes
  • 6
    Des vignes hybrides pour s’adapter au changement climatique
Épisode 1/6
Clément Boulle, Directeur exécutif de Polytechnique Insights
Le 18 mars 2021
5 min. de lecture
Jean-Marc Touzard
Jean-Marc Touzard
directeur de recherche INRAE et ingénieur agronome

En bref

  • Avant la crise, le vin était au deuxième rang des exportations françaises, juste derrière l’aéronautique, avec un chiffre d’affaires de 14 milliards d’euros.
  • Le projet Laccave, qui regroupe 24 laboratoires, étudie les effets du réchauffement climatique sur le vignoble français.
  • Les chercheurs ont remarqué des changements significatifs dans la structure des vins : plus forte teneur en alcool, acidité en baisse, arômes de fruits confiturés…
  • Pour contrebalancer ces changements, les solutions sont diverses, et vont de la modification des pratiques culturales au recours à la génétique, en passant par la transformation chimique des vins.
Épisode 2/6
Clément Boulle, Directeur exécutif de Polytechnique Insights
Le 18 mars 2021
5 min. de lecture
Cornelis Van Leeuwen
Cornelis (Kees) Van Leeuwen
professeur de viticulture à Bordeaux Sciences Agro et l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin
Alistair Nesbitt
Alistair Nesbitt
PDG de Vinescapes, un cabinet de conseil qui soutient le développement technique et stratégique des entreprises de production de vin

En bref

  • Avec le réchauffement climatique, de nouvelles régions – comme l’Angleterre, la Belgique ou les Pays-Bas – deviennent propices à la culture des vignes. Les Britanniques pourraient ainsi devenir des producteurs majeurs de vin.
  • En 2018, Alistair Nesbitt et ses collègues ont publié un rapport identifiant au Royaume-Uni 33 700 hectares (l’équivalent de la région de Champagne) de terres propices à la culture de la vigne.
  • Cependant, le climat, qui était jusqu’ici une donnée fixe en œnologie, est devenu variable, et la production n’est donc pas assurée d’une année sur l’autre.
  • Plus encore, les conséquences du changement climatique peuvent être très différentes d’un territoire à l’autre : réduction des rendements, augmentation du stress hydrique ou au contraire, augmentation des précipitations…
Épisode 3/6
Clément Boulle, Directeur exécutif de Polytechnique Insights
Le 18 mars 2021
4 min. de lecture
Eric Giraud-Héraud
Eric Giraud-Héraud
directeur de recherche INRAE et directeur de la recherche à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin

En bref

  • En 2015, Éric Giraud-Héraud a mené avec l’ISVV une enquête sur 250 consommateurs de vins de Bordeaux destinée à déterminer leur consentement à payer pour les « vins du réchauffement climatique ».
  • Résultat : ces vins, plus forts en alcool, étaient d’abord appréciés des consommateurs… qui s’en lassaient cependant très vite, et voyaient leur consentement à payer s’effondrer.
  • Le risque est ainsi que le marché des vins rouges ne connaisse une crise, dont profiteraient d’autres secteurs plus dynamiques, comme ceux des vins rosés ou des vins bios.
Épisode 4/6
Clément Boulle, Directeur exécutif de Polytechnique Insights
Le 18 mars 2021
4 min. de lecture
Alexandre Pons
Alexandre Pons
œnologue pour le groupe Oeneo et l’Institut des sciences de la vigne et du vin
Philippe Darriet
Philippe Darriet
professeur d'œnologie et directeur de l'unité de recherche Œnologie (associée à l'INRAE) à l'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin de l'Université de Bordeaux

En bref

  • Le changement climatique fait évoluer les arômes des vins : les odeurs de fruits frais (fraise, cassis) des vins de Bordeaux se rapprochent désormais de fruits confiturés (pruneaux).
  • Ces vins, moins acides et plus sucrés, sont également plus alcoolisés, et les experts Alexandre Pons et Philippe Darriet se questionnent ainsi sur leur capacité à se conserver sur le long terme.
  • Corriger ces évolutions aromatiques nécessite de prendre le contrepied des pratiques culturales mises en place ces vingt dernières années, ce qui prendra du temps. Les vignerons vont devoir augmenter les rendements, diminuer l’effeuillage des vignes, augmenter la charge (le nombre de grappes), et dé-densifier leurs plantations.
Épisode 5/6
Clément Boulle, Directeur exécutif de Polytechnique Insights
Le 18 mars 2021
4 min. de lecture
Marc Brévot
Marc Brévot
directeur de la R&D de MHCS, la branche Champagne du groupe LVMH
Vincent Malherbe
Vincent Malherbe
directeur Vignoble et Approvisionnements chez LVMH

En bref

  • LVMH et leur filiale Moët & Chandon constatent les effets du changement climatique sur la structure de leurs champagnes, dont la teneur en alcool augmente.
  • Pour contrer cette tendance, ils ont ainsi mis en place des unités de recherche menant des expérimentations destinées à adapter la production de leurs champagnes (caissons de refroidissement sous vide, analyses d’images par une intelligence artificielle pour caractériser l’état des raisins, etc.).
  • Pour eux, les cahiers des charges de l’INAO [l’organisme de réglementation des indications géographiques protégées] sont trop stricts, et devraient être assouplis pour permettre aux viticulteurs de mener des expérimentations sur leurs vignes sans risquer le déclassement.
Épisode 6/6
Agnès Vernet, journaliste scientifique
Le 18 mars 2021
3 min. de lecture
Eric Duchêne
Éric Duchêne
ingénieur de recherche au centre INRAE de Colmar

En bref

  • Les vignes sont en quelque sorte des « plantes doubles », constituées à la fois d’un greffon (la partie aérienne de la plante, dont le patrimoine génétique s’exprime à travers les fruits et les feuilles) et d’un porte-greffe (la partie souterraine dont les gènes régissent le système racinaire).
  • Cette dualité est à la fois une aubaine pour les biologistes, en ce qu’elle leur permet de tester diverses associations hybrides de greffon et de porte-greffes. La génétique leur permet de rechercher les marqueurs moléculaires associés aux caractéristiques désirées.
  • Contrairement aux OGM, l’hybridation demande beaucoup de temps : dix à quinze ans peuvent être nécessaires pour créer une nouvelle variété de vigne grâce à la génétique.

Auteurs

Clément Boulle

Clément Boulle

Directeur exécutif de Polytechnique Insights

Clément Boulle a une double expérience de journaliste et d'entrepreneur. Il a démarré sa carrière comme journaliste puis rédacteur en chef dans le groupe de la Dépêche du Midi notamment en pilotant le développement éditorial d'un titre de presse locale à Sète. Il a ensuite créé puis revendu la start-up de marketing digital Local Media à destination des annonceurs locaux. Il a également travaillé pour la Croix-Rouge française en tant que consultant afin de concevoir un incubateur d’innovations sociales. Clément est diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) et titulaire d'un executive MBA de l'INSEAD.

Agnès Vernet

Agnès Vernet

journaliste scientifique

Après une formation initiale en biologie moléculaire, Agnès Vernet s’est formée au journalisme scientifique à l’ESJ-Lille. Depuis 14 ans, elle écrit dans différents supports, magazines scientifiques, titres professionnels et médias généralistes, en France et en Suisse. Depuis le 1er février 2021, elle a été élue présidente de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI).